mardi 25 octobre 2011

Mais laissez-moi tranquille!

L'autre soir, j'étais encore à travailler à l'ordinateur, après le souper. Le téléphone sonne. Amnistie Internationale de Toronto (à qui je donne 5$ par mois automatiquement sur ma carte de crédit, qui elle-même en est une qui donne un pourcentage et 20$ annuellement à Amnistie du Québec). La fille anglophone au bout du fil a l'air écoeurée de son travail, elle me parle des massacres en Syrie et du travail d'Amnistie. Moi, je suis fatiguée, un peu déprimée cette journée-là, et je l'écoute avec oppression me parler des massacres en Syrie...
- Est-ce que vous accepteriez d'augmenter votre don mensuel?

La fille a vraiment l'air de détester son travail, je la comprends, et moi je suis écrasée par le poids du monde, mon incertitude totale par rapport à mes revenus des prochaines semaines et un peu d'apitoiement d'écrivaine méconnue.
- No, I can't afford it. Thank you for your work.
- Et même si c'était un ou deux dollars de plus chaque mois pour nous aider à continuer notre travail?
La fille a l'air de me détester, je me ferme complètement.
-No.

Nous raccrochons. Je suis en colère contre cette chipie... Puis je m'arrête: Je n'ai pas les moyens de donner 1$ de plus par mois pour les droits humains?

Croyez-le ou non, j'ai rappelé le centre d'appel d'Amnistie et j'ai fait augmenter mon don de 1$ par mois. La précarité dans laquelle je vis est une richesse incroyable et tout est une question de point de vue. (ET JE TIENS À DIRE QUE J'APPUIE AMNISTIE ET TOUS SES EMPLOYÉS ET BÉNÉVOLES.)

Mais comment rester ouvert quand il y a une telle sursollicitation? J'ai besoin de changer d'attitude, car en ce moment, j'en veux à tous les jeunes qui me ressemblent étrangement et qui me sollicitent des dons sur la rue et les stations de métro, pour des causes toutes plus nobles les unes que les autres. Mais laissez-moi tranquille! Ça va toucher le point sensible de cette maladie d'écolos (dont je souffre) qui ont l'impression de n'en jamais faire assez (autre billet à venir là-dessus).

Cela étant dit, je m'attèle au défi de faire connaître mon roman à un public plus large, en accord avec mes valeurs. Intéressant processus.

samedi 22 octobre 2011

Les cravates et la fin du pétrole

Je suis allée mardi dernier à une petite conférence dans le cadre de l'inauguration de la Maison du développement durable. C'est le Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement du Québec (RNCREQ) qui parlait des "opportunités" qui se présentent dans une démarche pour mettre fin à notre dépendance au pétrole. Le RNCREQ coordonne l'organisation des Rendez-vous de l'énergie, qui auront lieu du 16 au 18 novembre prochain, à Shawinigan, sous le thème: "Peut-on imaginer le Québec sans pétrole. J'ai appris des chiffres intéressants:  le pétrole représente 38,2% de l'énergie consommée au Québec, et est à 100% importé..": . 

C'était particulier, parce qu'il était question des conséquences néfastes de notre dépendance au pétrole, du pic pétrolier, etc., tout ce dont parlent les mouvements de Transition et de la décroissance économique soutenable depuis longtemps.... mais dans une optique et avec le langage de la croissance économique.

Ça m'a beaucoup questionnée au début. Non, la croissance économique, c'est un leurre, c'est mal! 

Mais dans un deuxième temps, je me dis que c'est excellent que les écolos des conseils régionaux de l'environnement se mettent à parler le langage du monde des cravates, que des hommes à cravate (la majorité des intervenants de leur forum) se penchent sur la question de la fin du pétrole et de l'environnement. D'ailleurs, j'écris cela et la distinction est un peu ridicule entre "les écolos" et "les cravates": les cravates, ce sont mes oncles, mon père, certains de mes clients! Nous sommes tous dans le même bateau. Et avant qu'un homme à cravate, un Groulx-Petit comme dans Cité Carbone, se retrouve à aller manifester au Square-Victoria... tous les écolos de ce monde ont le temps d'apprendre le langage de la croissance économique. Simplement pour que ceux qui détiennent le pouvoir sur les rouages de l'effrayante machine qu'est le monde actuel puissent se sentir en sécurité - un élément de base pour être en mesure de s'ouvrir l'esprit. Pour que ceux qui font fonctionner la machine en pensant de bonne foi participer à l'évolution du monde puissent se libérer des illusions mentales puissantes (qui font interpréter comme des bonnes nouvelles des chiffres qui représentent en fait la destruction d'habitats naturels, par exemple), pour qu'ils puissent voir la réalité, peut-être faut-il parler leur langage?

Je conçois de plus en plus la dépendance à l'argent, au pouvoir qu'on doit ressentir quand on fait dynamiter des montagnes et déplacer des villages entiers pour creuser des mines, je la conçois comme une addiction, et ceux qui en souffrent, comme des junkies: déconnectés de la réalités, égoïstes, vides et avides. Comme le démontrait le film The Corporation: les grandes entreprises ont les caractéristiques des psychopathes. 

Mais finalement, on pourrait se retrouver avec des multinationales dont le but est de faire des profits pour ses actionnaires, mais qui feraient de l'énergie solaire, ou bien un train grande vitesse entre Montréal et Québec, ou bien des maisons chauffées par géothermie. Ça serait quand même mieux. Mais les autres démarches pour plus de partage resteront encore à faire...
À la conférence, un monsieur qui travaille dans le pétrole m'a acheté un exemplaire de Cité Carbone.
J'adore ça. Je ne veux plus considérer qu'il y a "eux" et "nous. Un mot m'a frappé au passage, récemment: non-dualité. Il n'y a pas "eux" et "nous", il y a une multitude de courants, de personnes, de situations singulières, et tout coexiste, et il en sera toujours ainsi. Non-dualité: accepter l'impossibilité de fixer les choses une fois pour toute, accepter l'impermanence, accepter de participer à une danse incontrôlable et dont le sens dépasse l'entendement mental.
Je vais aller jouer dehors.

jeudi 13 octobre 2011

99% - et si ça basculait pour vrai?

Je vous partage ici le message de mon ami Frédéric Lemire (celui qui a fait le dessin de la couverture de Cité Carbone). Son projet d'espace informatique d'expression et de réalisation des souhaits (ce sont mes mots) dont le lien est à la fin vous intéresseront peut-être... Et moi je vous reviens bientôt, ça mijote, ça bouillonne.

"Vous n'êtes sûrement pas sans avoir entendu parler du mouvement Occupy Wall Street, ou des « 99 % » dont on parle depuis bientôt un mois — on en parle mieux sur internet, il est vrai ; les grands médias font souvent semblant de ne pas comprendre…

C'est un mouvement sans précédent.  Cette fois, nous sommes ~tous ensemble~, à la grandeur de la planète, dans plus de 1600 villes !  Nous sommes le tout, et nous n'acceptons pas qu'une partie nous exploite, pas même si occasionnellement elle constitue la « majorité » !  Nous voulons que le tout de la vie soit considéré et respecté.  C'est un mouvement holistique plus encore qu'un mouvement populaire.

Depuis le début, le mouvement des 99 % n'a fait que grossir.  L'occupation du quartier des affaires de Wall Street, malgré quelques petites centaines d'arrestations, a grandi en nombre et se compte présentement par dizaines de milliers et croît encore.  Mais ce n'est pas tout !  Le mouvement se propage et c'est maintenant 1600 villes sur tous les continents (sauf l'Antarctique) qui se mobilisent ou occupent déjà leurs lieux symboliques.

Par ici, comme à bien d'autres endroits dans le monde, nous emboîtons le pas, dès ce samedi (15 octobre).   À Montréal en tous les cas (début à 13h), il est question pour certains de rester, de camper, comme à New York !

• Montréal (Carré Victoria) (http://occupymontreal.tk/, http://www.automnequebecois.com/mtl/)
• Québec (Place d'Youville, de 13h à 23h) (http://occupyquebec.wikispaces.com/)
• Trois-Rivières (Parc Champlain) (http://www.meetup.com/occupytogether/Trois-Rivieres-CA/)
• Saguenay (Parc du bassin) (http://www.meetup.com/occupytogether/Chicoutimi-CA/)
• Ottawa (?) (http://www.meetup.com/occupytogether/Ottawa-CA/)
• Verchères (?) (http://www.meetup.com/occupytogether/Vercheres-CA/)
• Sherbrooke (Intersection Frontenac et Wellington) (http://www.meetup.com/occupytogether/Sherbrooke-CA/)

Non, ce n'est pas une « manif » comme les autres.  C'est la sphère communicante de la planète qui se réveille, qui se lève et qui se prend en main.  Par le dialogue et la communication, les meilleures idées feront leur chemin !

Nous allons donc mettre nos idées sur la place et nous allons voir lesquelles seront retenues, évolueront. Il y a une conversation à l'échelle mondiale qui se fait présentement, avec des centaines et des milliers de participants et de commentateurs ^^ !

Passez le mot !  Invitez vos amis ! (La voie courrielle, le téléphone, la poste, le bouche à oreille ne sont pas à négliger !  Ce n'est pas tout le monde qui est sur Facebook ou Google+.  Parlez-en à vos amis, rameutez-les à votre occupation locale !)

Et venez en grand nombre participer aux assemblées  !

On insiste sur la non-violence, la communication constructive.

Voici le mot d'ordre lancé à Québec :

Nous sommes étudiant(e)s, travailleur(se)s et chômeur(se)s. Nous sommes des parents, des jeunes et des gens à la retraite. Nous sommes de tous les métiers, de toutes nationalités et de toutes religions. NOUS SOMMES 99% DE L'HUMANITÉ !

Le 15 octobre 2011, nous allons descendre dans les rues et prendre le contrôle des espaces publics du monde entier. De l'Amérique à l'Asie, de l'Afrique à l'Europe, nous nous mobilisons en ce moment même pour réclamer nos droits et exiger une vraie démocratie. Dans nos sociétés, le pouvoir décisionnel est entre les mains d'une élite gouvernante totalement insensible à la volonté de la majorité et complètement déconnectée de la réalité, s'enrichissant au prix de vies humaines et de la dégradation de notre environnement. Cette situation intolérable doit cesser. Unissons nos voix et nous leur ferons comprendre que nous ne sommes pas de vulgaires marchandises entre leurs mains. Le 15 octobre, nous descendrons dans la rue afin d'initier un changement mondial.

Il est temps de nous unir pour occuper, pour nous approprier l'espace public. Il est temps pour elles de nous écouter. Les peuples du monde entier feront entendre leurs voix le 15 octobre!

Tout récemment, le 17 septembre 2011, des centaines de personnes se sont réunies sur Wall-Street, au coeur du quartier financier New-Yorkais. Une semaine plus tard, il était clair que cette occupation n'était qu'une partie d'un tout plus grand. Maintenant, à travers le monde, des dizaines de milliers de citoyen(ne)s participent à de semblables occupations locales. Le 1er octobre, c'est plus de 200 villes majeures sur quatre continents qui se sont organisées avec les médias sociaux pour engendrer un mouvement sans précédent. Aujourd'hui, le 7 octobre 2011, à l'heure où ce manifeste est rédigé, plus d'un millier de communautés font partie du mouvement. Ces rassemblements sont le début d'un dialogue collectif où nous pourrons, tous ensemble, écrire le prochain chapitre de notre histoire, celui où figure une réelle démocratie participative plutôt qu'une oligarchie injuste et inacceptable qui est le paradigme en place depuis des siècles.

Nous tous, les 99% de la population mondiale, allons nous unir le 15 octobre pour y mettre fin. Nous ne sommes ni naïfs, ni ignorants. Nous n'avons pas d'unique demande. Si les problèmes du monde pouvaient se résumer à un seul enjeu, nous n'aurions pas besoin d'agir ainsi.

Demandez-vous si vous avez voté pour que votre vie soit entre les mains de moins d'1% d'entre nous, si vous avez voté pour la guerre, la corruption, la pollution, la censure médiatique ou la dépression économique. Il est clair que le moment est venu de reprendre le contrôle. Notre illusion de liberté et de démocratie, notre cage dorée, doit subir un changement majeur, global et sans précédent.

Le 15 octobre 2011 et chaque samedi suivant, nous occuperons Québec. À mesure que le mouvement prendra de l'ampleur, nos demandes et nos actions évolueront en conséquence.

Nous invitons toute la population à nous rejoindre à Québec à 13:00, à la Place d'Youville, un emplacement central de la ville, fréquenté par des gens de tous les milieux sociaux. Venez y joindre votre opinion et VOS demandes.


Charte du mouvement Occupy Together :

1. Adopter une discipline non-violente, peu importe la situation. La violence sous toutes ses formes n'a pas sa place, qu'elle soit physique ou verbale. Par le dialogue et la communication, les meilleures idées font leur chemin.

2. Les forces de l'ordre font partie du 99% et par conséquent doivent être considérées comme telles.

3. Le présent message se doit d'être unifié à travers les organismes et les personnes présentes. Il doit y avoir une cohérence dans le message et les revendications qui sont émises. Les participant(e)s devraient autant que possible connaître ces revendications et les partager.

4. Il y aura une stratégie à long terme cohérente, pas simplement des tactiques et des actions sans liens entre elles.

5. Il nous faut garder en tête l'auditoire élargi auquel nous nous adressons. L'objectif est de rallier les gens à la cause, non pas de les aliéner.

6. Le mouvement Occupons Québec fonctionne par démocratie directe.

7. Ce mouvement se veut inclusif et positif. Par conséquent, nous appelons au respect de tous.

Moi je serai à l'occupation de ma ville, Québec, avec crayons et papier.  Ça adonne que l'habitude a été prise dans le mouvement de dresser la liste de nos souhaits et volontés — et j'ai comme une petite idée de ce qu'on peut faire avec ça …

http://motsapiensproject.wikia.com/wiki/Home

Au nouveau monde, les amis, au monde qui s'unit, délibère et mûrit !"

Fred