vendredi 23 septembre 2011

Commando garages de banlieue

Pêches, melon d'eau jaune, pommes.
Je le mentionnais dans un autre billet, je me suis amusée cette année avec une machine à déshydrater les aliments. Approuvée par les crudivores, la technique donne des fruits et des légumes qui gardent leurs vitamines. Réhydratés ou mangés secs, il semble qu'ils puissent se conserver dans le garde-manger pendant six mois. Génial!

J'ai déshydraté: des pommes, des melons d'eau, des pêches de l'Ontario, des tomates, des aubergines, des poivrons... J'espère en faire d'autres pendant que les produits frais bio locaux sont encore disponibles à bon prix. (Voir à la fin une erreur à ne pas faire.)

Chauffage et aération pour déshydrater à basse température

J'ai d'abord connu la machine à déshydrater au début de l'été, autour de l'atelier de fraises organisé par Aliments d'ici. Puis, une voisine à qui j'en avais parlé et qui partait en camping pout tout l'été, m'a prêté le sien. Le problème, quand on emprunte un bidule comme ça à quelqu'un, c'est que ça lui redonne envie de s'en servir! Elle me l'a redemandé à la fin de l'été, juste comme je commençais à y prendre goût! Mais c'est là, la beauté du voisinage et la générosité de la vie: cette même voisine s'est fait donner par quelqu'un qui ne s'en servait pas un autre déshydrateur (même pas utilisé, encore neuf), et elle me l'a donc refilé!

Ce qui m'amène à mon propos annoncé dans le titre : combien de machines utiles croupissent inutilisées dans les garages et les sous-sols (je me permets de rajouter "de banlieue", car lesdits garages et sous-sols sont plus rares en ville)? Si les infopubs roulent, c'est parce qu'on achète!

Donc, je me disais, parmi les douzaines de projets auxquels j'aimerais bien m'adonner, qu'il serait utltrapertinent d'aller faire connaître dans les banlieues les systèmes comme freecycle (une plate-forme électronique où on peut offrir et demander des objets dont on veut se départir ou dont on a besoin. Des "petites annonces" où tout est donné, rien n'est vendu. Malheureusement, elle semble uniquement en anglais, même pour le groupe de Montréal. Mais il y a des annonces en français.) Avoir un kiosque de freecycle dans un centre commercial, est-ce que ça ne serait pas un moyen efficace de faire de la redistribution de la richesse?

C'est sûr qu'on ne peut ignorer l'aspect psychologique d'attachement aux objets. Je peux en témoigner: ça fait trois ans que je n'ai plus de chats, et j'hésite encore à donner la cage et la litière, même si je n'ai pas l'intention à moyen terme de ravoir un chat. Je les ai finalement annoncés sur freecycle, une fille a signifié son intérêt, mais ne m'a jamais rappelée pour venir les chercher... Et moi, j'ai laissé aller. Pourtant, me débarrasser de ces objets me permettrait de débarrasser le couloir où traînent les boîtes de Cité Carbone... Le désencombrement est un profond processus intérieur aussi!

***
Erreur de déshydratation à ne pas faire:

Papier ciré à la fibre de melon d'eau!
Si on peut faire d'intéressants "cuir de fruits" avec plusieurs espèces en mettant une purée sur une feuille de pellicule spéciale (les pêches sont délicieuses!), avec le melon d'eau, ça fait vraiment juste couler autour du papier (j'avais pris du papier ciré car la feuille spéciale a été perdue) et ça gomme toute la machine, pour un résultat vraiment poche: du papier ciré collé à la fibre de melon d'eau. Et en faisant tremper la fibre pour la décoller, ça donne de la fibre de melon d'eau à saveur de papier ciré! Vaut vraiment mieux déshydrater des tranches minces de melon. Étonnamment sucré, on dirait des bonbons (les tranches jaunes dans les autres photos)!

mercredi 14 septembre 2011

Une méchante entreprise - Du libéralisme et de l'anarchisme

Je suis un peu en retard parce que je suis davantage en vélo qu'en métro ces temps-ci, et que c'est dans le métro que j'achète ce magazine: dans le numéro du 1er septembre de l'Itinéraire, le camelot Norman Rickert parle de Cité Carbone, son coup de coeur.

Par hasard, il s'agit d'un numéro sur le thème: "Museler ces plumes qui dérangent". L'article principal rapporte les propos de Valérie Lefebvre-Faucher, l'éditrice d'Écosociété, et de Michel Brûlé, éditeur entre autres des éditions portant son nom.

Points soulevés:
- les médias ignorent parfois délibérément les oeuvres polémiques;
- les auteurs laissent parfois tomber leur projet de livre par peur des représailles;
- la fameuse poursuite-bâillon intentée par Barrick Gold contre Écosociété et les auteurs de Noir Canada;

- il n'y a plus grand chose qui choque le public; la question nationale québécoise serait peut-être un des seuls sujets tabous.
- les maisons d'édition ont de la difficulté à obtenir des subventions pour des essais ou lorsque les thèmes abordés sont dérangeants;

Cette fameuse question des subventions. Faut-il se battre pour que l'État en donne plus ou faut-il s'en libérer et trouver d'autres manières de se financer? Ne s'agit-il pas là d'une question tabou? ;)

Au fil de coups de téléphone et de courriels demandant des informations à gauche et à droite, j'ai découvert une possibilité pour un livre à compte d'auteur d'être distribué dans les librairies (autrement qu'en allant les porter à la pièce). L'Alliance québécoise des éditeurs indépendants, au nom de la bibliodiversité, offre ce service. Adhésion annuelle modique de 10$. La remise au diffuseur (Benjamin) est même inférieure qu'avec les autres entreprises (17% au lieu de 20%). Cité Carbone sera donc distribué dans les librairies à partir du 1er novembre. L'éditeur indépendant est celui qui ne reçoit pas de subventions.

Moi qui suis présentement en lancement de mon "entreprise" comme travailleuse autonome, je lis toutes sortes de livres présentement en lien avec la petite business. Cadre de référence assez différent des organismes communautaires où j'ai travaillé, où je me suis impliquée! En même temps, c'est fascinant de voir comment les catégories peuvent être brouillées: dire non aux subventions, ça peut être de l'ultralibéralisme comme ça peut être une position anarchiste, autonomiste (je ne suis pas experte dans les nuances de ces termes, corrigez-moi s'il le faut)... L'entrepreneur dit: "J'y vais, je n'attends pas après qui que ce soit, je mets en oeuvre ce projet qui me passionne pour gagner ma vie" et l'anarchiste dit : "J'y vais, je n'attends pas que les 'autorités' le fassent, je passe à l'action pour améliorer le monde dans lequel je vis". La différence entre les deux, ce serait une vision plus individualiste pour le premier et plus collective, fondée sur l'entraide, pour le deuxième?

Le Réseau pour la simplicité volontaire, pendant les années où j'y travaillais, ne recevait pas de subvention du gouvernement et à peine quelques centaines de dollars de contributions de certaines communautés religieuses. Autrement, financé par les contributions des membres. Pour garder notre autonomie, aussi parce que nous cadrions mal dans les programmes existants (un organisme qui crée un seul emploi à 3 jours par semaine, quand les programmes visent le temps plein et la croissance...). Il y a d'autres exemples d'indépendance remarquable et à plus grande échelle, comme Amnistie Internationale ou Avaaz. Est-ce la voie de l'avenir, avec nos gouvernements qui coupent? Mais est-ce que ça ne ressemble pas au modèle "la charité financée par le privé" (le privé étant dans ce cas-ci les individus, donc ça revient à une autre manière de "financement public"...).


J'entendais récemment une formatrice en lancement d'entreprise affirmer que les affaires, c'est du maillage humain, rien de plus. Est-ce que l'entreprise privée, menée avec éthique, peut être génératrice et distributrice de la richesse?



Il y a tout un courant qui prône l'abondance. Qui affirme qu'on doit dédiaboliser l'argent, qu'il y a suffisamment d'abondance dans l'univers pour tout le monde. J'ai toujours été réticente à cette approche. Est-ce qu'on parle de l'abondance des actionnaires de Wall Street, dont les profits sont parfois tirés de la déstabilisation complète de la monnaie d'un pays, du ravage d'une forêt vierge, de la guerre africaine pour les minéraux? Non, non et non, pas acceptable!

Mais je crois qu'il y a du vrai dans cette notion d'abondance, si on ne la définit par des voitures décapotables et des piscines olympiques en plein désert. Que la Terre peut nourrir, sobrement mais suffisamment, les humains (précisons: s'ils utilisent un contrôle des naissances et ne s'acharnent pas à tenir en vie des personnes dont le corps ne suit plus). La notion d'abondance doit absolument être jointe à une honnêteté rigoureuse face aux conséquences de "l'exploitation des richesses". Un des livres de business que j'ai lu (Le coeur aux ventes de Jean-Pierre Lauzier (oui, je lis ça!)) soulignait l'importance de cultiver en priorité le désir de sincèrement aider le client. Je crois que ces mêmes générosité et bienveillance doivent prioritairement revenir à la base des affaires des multinationales! Est-ce possible que les immenses corporations se soignent de leur cruelle dépendance au profit à tout prix?

Ces quelques lignes brossent à peine l'intégration que je sens en train de se faire en moi. Je ne crois pas qu'il soit utile de diaboliser quelque courant que ce soit, de s'accrocher à une idéologie ou une autre. En même temps, suis-je en train de me transformer en "méchante entreprise"? Boycottez-moi, quelqu'un!

lundi 12 septembre 2011

Détente, pieds et mains dans la terre

http://www.fotosearch.fr

Est-ce une fonctionnalité dans le cerveau qui serait détraquée en raison de la pollution, des hormones de croissance données aux vaches ou bien simplement des ondes (micro, cellulaires ou ésotériques, au goût)? Il me semble que tout le monde que je connais a tout le temps l'impression de n'avoir "jamais le temps de rien faire". Chômeurs, étudiants, travailleurs à temps plein ou à temps partiel, avec ou sans enfants, alter ou plutôt mainstream, tout le monde court tout le temps.
 

 Alors on écoute des vidéos Internet sur la gestion du temps, on prend des résolutions de faire du sport, d'aller marcher, de méditer, on s'inscrit à une ou deux autres activités hebdomadaires pour se relaxer et s'épanouir. 

 La vie contemporaine est tellement virtuelle. Je veux dire: même quand on n'est pas en face d'un appareil électronique, on vit dans des contingences très éloignées de la réalité concrète de la matière. Très peu de ce qu'on fait, de ce à quoi on pense, est relié à la vie du corps, qui reste le véhicule principal de l'esprit... On vit plutôt dans la tête, pour notre identité, notre image. On s'inquiète pour elles. Et on est prêt à tout pour elles. Collectivement, pour nourrir ou rassurer un ego mégalomane, on est prêt à exterminer des peuples, des espèces intégrales d'animaux, des écosystèmes complets. 
Le jardinage est reconnu comme un excellent moyen de se salir les mains, de se frotter avec le concret et d'apaiser le mental. Mais il y a aussi d'autres pistes...

www.fotosearch.fr
Est-ce que la vie, disons, d'un ruminant quelconque, dans une savanne non éradiquée, une vie passée les pattes dans la poussière du sol, à mâchouiller de l'herbe, le gros coeur qui bat lentement, des oiseaux sur le dos pour manger ses poux, les combats de séduction et la procréation comme seuls stress (et parfois une course en gang pour fuir un prédateur, d'accord)... ne devrait pas nous servir de modèle? 

Pour commencer une démarche anticivilisationnelle ou simplement vivre une expérience sensorielle relaxante, on peut marcher pieds nus. Le gazon ne fait pas le même effet que la terre, la brique et la pierre ne sont pas comme le béton ou l'asphalte. Ça ramène la conscience sur terre. Et pour les aventureux, il y a aussi les plaisirs de la boue! Et pour les "games", on peut faire la giraffe, qui consiste à se pencher et à marcher à la fois avec les pieds et les mains, ou l'ourang-outan. J'oubliais: l'étape préliminaire, c'est de ramasser deux ou trois amis, car tout seul, c'est un peu difficile, du moins au début. Rires et détente garantis! (Je suis en train de m'imaginer aller animer des ateliers de giraffe dans une grande entreprise, dans une optique de gestion du stress... hi! hi! hi!) Et ça peut même devenir une démarche artistique complexe, comme la Meute, de la chorégraphe Nadia Vadori Gauthier.

 Bref, on ne manque pas de possibilités pour arrêter de se tant prendre sérieux. Sur ce, je vais aller déshydrater du melon d'eau jaune bio (un délice, aussi oxymoronique cela puisse-t-il paraître!).

mercredi 7 septembre 2011

L'imperfection du premier roman

Lucie Renaud, collaboratrice de La Recrue du mois a  fait sur son blogue "Clavier bien tempéré" un très beau commentaire sur Cité Carbone.

Plus j'y pense, et plus son commentaire me fait du bien. Il y a que je ne connais pas du tout Lucie Renaud (qu'on le veuille ou non, quand le commentaire vient d'un ami, on peut toujours penser que ce n'est pas tout à fait impartial). Mais il y a surtout que j'y lis la reconnaissance du droit à l'imperfection d'un premier roman.

Bien sûr, il y a plein de romans qui sont publiés, premiers ou non, qui sont imparfaits. Qu'est-ce que la perfection, d'ailleurs? Le goût entre pour beaucoup dans l'appréciation d'une oeuvre littéraire, il va sans dire.

Mais ça me fait du bien, de lire que "la plupart des premiers romans sont imparfaits... et c'est peut-être en partie ce qui fait leur charme.  En même temps, il y a quelque chose de particulièrement touchant à lire un auteur pour la toute première fois, à tenter de discerner sa voix, ce qui deviendra sa voie."

Peu importe le projet, l'oeuvre, lançons-nous dans le monde. On y apprendra toujours bien quelque chose.

jeudi 1 septembre 2011

Entraide croisée

Un beau portrait de l'entraide croisée que cette journée. J'ai embarqué avec mon oncle et d'autres parents, depuis Longueuil, dans la vanne prêtée par ma cousine. Nous sommes arrêtés prendre ma mère (qui ne conduit pas) dans son village mal desservi par le transport en commun, pour l'amener avec nous à l'hôpital d'Ottawa, à une demi-heure de route. Vanne remplie à la pleine capacité. La parenté est repartie après une heure de visite, je suis restée avec ma mère auprès de mon père. Un compagnon de bénévolat de mon père est venu nous chercher en début de soirée. Nous sommes revenues à la maison, et peu après arrivait la famille que mes parents hébergent périodiquement depuis plusieurs mois lorsqu'elle vient visiter un de ses proches hospitalisé dans la région. Vraiment, un beau portrait du principe dont je parlais l'autre jour : je donne ici et je reçois de là, je redonne à lui et je recevrai d'elle.

Depuis des années, mes parents habitent dans la région d'Ottawa. J'ai toujours déploré que les compagnies d'autobus ontariennes se soient arrangées pour qu'Allô-Stop doive arrêter ses activités, il y a plusieurs années. Eh oui, une telle sorte de covoiturage est illégal en Ontario. Depuis des années, je prends le bus jusqu'à Ottawa ou je loue une Communauto (que je ne peux pas rentabiliser avec des « pouceux » payants!). Et aujourd'hui seulement, j'ai pensé que peut-être il y avait des transports avec Amigoexpress qui partaient de Gatineau, de l'autre côté d'un pont à partir de la capitale canadienne... Oui! Il y en a! Un jeudi, une bonne douzaine de chauffeurs offrent des lifts pour Montréal! Eh bien, ça démontre que c'est inutile d'interdire quelque chose qui est naturel, nécessaire, logique, voulu par le peuple – celui-ci va simplement contourner la loi! C'est comme les sentiers qui se créent naturellement, entre les chemins asphaltés, parce que c'est juste la façon la plus logique de se rendre d'un point A à un point B. Militer pour renverser la loi ontarienne au sujet du covoiturage, ça serait un des soixante-quinze projets importants auxquels je pourrais me consacrer...

Hôpital, donc. Mon ami de Boucherville en transition me faisait part de ses réflexions au sujet de la santé publique dans une ère de pétrole inabordable. Le système de santé actuel est beaucoup trop dépendant du pétrole, me faisait-il remarquer. En tous les cas, seringues, enveloppes de soluté, enveloppes de produits sanguins, couches, gants... La quantité de déchets est phénoménale. Ça serait quoi, l'alternative, tout en préservant la sacro-sainte aseptisation (dont je consens qu'elle est importante quand on côtoie effectivement une concentration de gens malades, porteurs de virus ou hypersensibles à ceux-ci)? Est-ce qu'il serait possible de revenir à des instruments réutilisables, désinfectables à haute température ou je ne sais trop? Je n'en sais rien. Mais je me dis qu'il vaut la peine de se poser la question. Parce que si on venait à manquer de seringues de plastique, on serait bien content d'en avoir en vitre, en métal, je ne sais trop, et de savoir comment les stériliser.

J'ai écrit il y a quelques années un texte sur la mort de mon chat, où je parlais de renoncer à l'acharnement, d'accepter la mort comme faisant partie de la vie. J'aurai l'occasion de réfléchir de nouveau à ça dans les temps qui viennent... Il y a les choix qu'on fait pour soi, mais il y a aussi l'importance de respecter les autres dans les leurs... À suivre (ainsi qu'une réflexion sur le choix de raconter ou non sa vie privée dans un blogue!).