(Voici le "discours de l'auteure" lu lors des lancements du roman)
« Small is beautiful ». C’est le parti pris que vous trouverez dans Cité Carbone. Mais vous n’y trouverez pas de méchants, car au bout du compte, on est vraiment tous dans le même bateau ivre en déroute: une planète merveilleuse à la diversité époustouflante.
Ce que j’ai envie de vous dire ce soir tourne autour de deux mots. Le premier : conscience. Conscience que nous sommes touts reliés, ce qui rime avec entraide, avec appartenance, avec amitié. Conscience que l’individualité est une biodiversité inaliénable et l’individualisme, une maladie de l’ego qui se pense séparé du Tout. Une maladie qui se soigne!
Le deuxième mot : créativité. Nous, les êtres humains, avons en nous (et je dis bien le « nous » pluriel), toutes les ressources pour inventer un monde harmonieux et profondément écologique. Un monde qui a conscience qu’il vit dans son bain : ce que je veux dire par là, c’est que quand on se lave les cheveux dans le bain, après, l’eau sale nous colle dessus! La planète, c’est pareil, tout ce qu’on y jette nous affecte aussi, un jour ou l’autre, plus ou moins directement. Nous avons tout pour inventer de nouvelles manières de faire. Par exemple : puisqu’on est capables de bâtir des fusées pour aller sur la lune, à quand des parapluies garantis à vie?
Ma conscience et ma créativité se sont concrétisées en un roman. Publier Cité Carbone aux Humbles Éditions, c’est parachever un processus commencé en 2004 - mais en fait, c’est depuis 1987 que je sais que je veux écrire des romans, alors vous pouvez imaginer ce que ce premier livre peut signifier pour moi. Le processus d’écrire, réécrire et encore réécrire, d’être lue, critiquée, et de persévérer, de réécrire, d’essuyer des refus, et de persévérer, et finalement de choisir de donner au monde ce que j’ai fait, malgré l’imperfection, malgré les peurs, c’est le courage et l’humilité d’une bibitte unique qui se décide à sortir de son oeuf avec sa forme et sa couleur uniques, parmi les toutes les autres bibittes du monde, pour vivre sa vie et contribuer à l’écosystème.
J’en suis venue à comprendre que ce qui est important, avec l’art, ce n’est pas qu’il réponde aux critères des institutions. C’est qu’il circule! Qu’il contribue à la vivacité des idées, des émotions, mais aussi qu’il rassemble les gens. Ainsi, l’art, la littérature, c’est une rencontre de la conscience et de la créativité pour engendrer de nouvelles associations, de nouveaux possibles, de la beauté et du plaisir.
Et cela, surtout quand l’avenir paraît sombre. Parce que il y a de l’espoir, même pendant… la nuit!
(Suivait une magnifique chanson de Jorge Millones (Pérou) interprétée par Amaru et dont voici les paroles, en espagnol et rapidement traduites en français par votre humble écrivaine...)
La noche
La noche quiere tragarse mis manos y mi corazόn
y sus estrellas me siguen a donde quiera que voy
Ha elaborado penumbras y me arrancό esta canciόn
Rememorando cadalzos y espinas de inquisiciόn
Creo que sospecha que tengo una luz
que comúnico en cada canciόn
Creo que sospecha de mi poder susurra a mi oído que me va joder
Si la noche descubriera cuan hermoso puede ser
dar a luz los viejos sueños en un nuevo amanecer
llorarían sus estrellas su pequeña inteligencia
toda su moral crustacia su sabiduría negra
Si la noche me cogiera por el flanco del amor
sería un desaparecido parecido al ruisenor
Dejaría esta canciόn escondida en un recuerdo
para aquella quien yo amaba
pero no pudo entenderlo
Esa noche tiene su luna con ojos de reflector
y carcome lo hermoso de paranoia y dolor
toda epoca oscura
tiene su noche mortal pero
tambien ya sabemos que es el sol su verdugo fatal
Creo que sospecha que tengo una luz que comunico en cada canciόn
Creo que sospecha de mi poder y susurra a mi oído
que me va a joder
(repite la parte entre lineas)
La nuit
La nuit veut avaler
mes mains et mon cœur
et ses étoiles me suivent peu importe où je vais
Elle a concocté de la pénombre et m’a arraché cette chanson,
rappelant les bottes et les épées de l’inquisition
Je crois qu’elle se doute que j’ai une lumière
que je transmets dans chaque chanson
Je crois qu’elle se doute que j’ai du pouvoir
Elle me murmure à l’oreille qu’elle va m’avoir!
Si la nuit découvrait à quel point il est beau
de mettre au monde les vieux rêves
en un jour nouveau
ses étoiles pleureraient sa pauvre intelligence
sa moralité de crustacée
et sa sagesse obscure
Si la nuit me prenait par le flanc de l’amour
je serais un disparu pareil au rossignol
je laisserais cette chanson
cachée dans un souvenir pour celle que j’aimais
mais elle ne pourrait pas comprendre.
Cette nuit projette sa lune comme des yeux de réflecteurs
et ronge la beauté
de paranoïa et de douleur
Toute époque obscure
a sa nuit mortelle
mais aussi nous savons déjà que le soleil
est son bourreau fatal
Je crois qu’elle se doute que j’ai une lumière
que je transmets dans chaque chanson
Je crois qu’elle se doute que j’ai du pouvoir
Elle me murmure à l’oreille qu’elle va m’avoir!
(répéter passage encadré)
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