mercredi 25 mai 2011

Crevaison, ralentissement et joie de vivre

Il y a deux semaines, après avoir pris une heure pour moi-même patcher mon tube de vélo, tube qui s'est aussitôt redégonflé, je suis allée voir un pro de mon quartier, qui a changé ledit tube. Ce magasin est ouvert de 13h à 19h. C'est un nouveau propriétaire que je ne connaissais pas, mais l'ancien avait les mêmes horaires. Des horaires à sa convenance, pas nécessairement pour plaire à sa clientèle, mais c'était sa vie, non? Avec mon nouveau tube, j'ai fait l'aller-retour à Pointe-Saint-Charles, presque émue car, comme je l'écrivais, c'est sur ce chemin qu'est née l'idée de Cité Carbone. Et c'est dans la Pointe que sont actifs les anarchistes que je connais de loin, qui ont inspiré certains personnages du livre. Mais ce que je voulais dire, c'est que deux jours plus tard, quand je suis venue pour prendre mon vélo: pneu dégonflé.

Je l'ai pris pour un signe. J'étais fatiguée et ça ne me tentait pas de pédaler, au fond. C'est que les dernières semaines avant le lancement ont été vraiment intenses: fin de session de quatre cours à l'université, édition du livre et préparation du lancement, plus des contrats, car je n'habite pas encore dans une maisonnée autosuffisante dans une maison à l'hypothèque payée... Donc, après l'intensité d'énergie des dernières semaines, le système ne voulait plus forcer. J'avais pris un cours d'été intensif; je l'ai annulé. Et la grande joie dans toutes mes cellules à l'idée de pouvoir prendre les choses len-te-ment. C'est tout un défi! Mais en plus du pneu dégonflé, mon ordinateur a cessé de fonctionner (virus). Là, le message était clair.

Intéressant comme expérience: mon moral est super bon, j'ai vraiment plein de projets en tête (dont la confection de ma fameuse courtepointe en chaussettes trouées et de chaussures maison, une version audio de mon roman et une suite... Oui, ça commence à mijoter dans ce sens-là!), mais j'ai dû admettre mon besoin essentiel de ralentir. Alors, toujours dans le sens de l'humilité, faire un petit bout et lâcher prise du reste. De toutes façons, c'est tellement illusoire, ce mirage qu'un jour tout sera fait.

Le réparateur de vélo et moi jasions pendant que la machine Interac était bloquée (car je suis retournée faire changer le tube une autre fois tantôt, en marchant à côté de mon vélo, plus pratique pour sentir les lilas en fleurs). Il me disait que si je changeais mon pneu en plus du tube, peut-être que je ferais cinq crevaisons au lieu de dix cet été.
- Merde! Il y a tellement de vitre cassée dans les rues.C'est à cause des accidents?
- Non, Madame, c'est le recyclage! J'ai deux fois plus de clients pour crevaison le jour du recyclage. À chaque bosse que recontre le camion, de la vitre cassée tombe sur le trottoir.
-Eh bien!
- Il faudrait que ça soit dans des sacs fermés!


Tout ça pour dire que l'utopie n'existe pas. Dans le processus, on trouve une solution qui engendre d'autres situations à régler: le recyclage crée de la saleté dans les rues, cause des crevaisons qui génèrent des tubes à  jeter - recycler, pardon. Mon réparateur me disait que le patchage n'est bon qu'en cas d'urgence, sur la route. Ou est-ce parce que c'est plus long de patcher que de changer le tube, et que ça vend plus? Je ne sais pas.

En tous cas. Moi qui me demandais l'autre jour avec quoi je ferais les semelles des chaussures artisanales que je me suis mise au défi de confectionner, je suis partie avec le vieux pneu et le tube. On verra bien.

1 commentaire:

  1. C'est la première fois que j'entends parler du recyclage qui augmente la fréquence des crevaisons cyclistes! Passons le mot et espérons qu'un patenteux ou une ingénieure quelque part inventera une solution...

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