Le Saguenay et Chicoutimi, vus de Chicoutimi-Nord |
Quand j'étais petite, je souffrais du mal des transports. On me bourrait de gravol avant les voyages et il n'était pas question que je lise des BD à bord comme mes cousins. Encore aujourd'hui, il y a des limites à ce que je peux faire en auto; j'ai essayé de taper à l'ordinateur et le mal de coeur n'a pas tardé à se manifester.
Mais un nouveau mal a commencé à me causer de légers soucis lors de mes déplacements: l'usure des transports. Je crois au transport en commun comme d'autres en un sauveur divin... Mais bon Dieu, quand ça prend trois fois plus de temps qu'en voiture... En ville, je n'ai pas à me plaindre, car j'habite à une minute d'un métro, donc à un quart d'heure de tout ce qui est plus ou moins central. Mais pour l'interurbain...
Pour aller voir feu mon père à l'hôpital d'Ottawa, depuis Montréal: un premier bout de covoiturage jusque chez ma soeur dans les Laurentides (45 min) (et si la personne qui me faisait le pouce n'avait pas insisté pour venir me chercher chez moi, ou si j'avais été radicale jusqu'au bout: + 10 minutes de métro); le voyage avec ma soeur depuis les Laurentides jusqu'à Ottawa, avec des arrêts en chemin pour prendre de la parenté (2 h); retour jusque dans les Laurentides (2 h); 45 minutes d'attente au terminus de St-Jérôme parce que les autobus sont aux heures; 1 heure de trajet St-Jérôme - Laval (ce qui se fait en... 20 minutes en auto?); une bonne vingtaine de minutes de métro jusqu'à chez moi. Sept heures de transport.
Je constate que la motivation de faire des tas de détours pour ne pas utiliser l'autosolo s'effrite avec le temps...
Pourtant! Je suis la fille qui s'est déplacée en autobus municipal à San Antonio au Texas (pour me rendre compte par la suite que le trajet d'une heure et demie en bus prenait sept minutes en auto!), qui s'est arrangée à Détroit, la ville de l'automobile par excellence, pour déchiffrer dans l'Internet le trajet d'autobus - pour aller visiter le musée Ford! - parce que les réceptionnistes de l'hôtel me regardaient comme une extraterrestre quand je leur ai demandé si elles avaient les horaires. La fille qui a brisé sa béquille de vélo à trop charger son panier arrière; la fille à se prendre pour un mulet avec un sac à dos rempli de victuailles qu'elle est à peine capable de soulever. C'est peut-être pour ça que je souffre d'usure des transports. J'ai peut-être exagéré?
L'usure des transports, c'est sûrement ça qui explique les embouteillages vers les banlieues tous les soirs: l'autosolo prend malgré tout moins de temps que le transport en commun. Je comprends que c'est inutile d'exiger de l'héroïsme. Il faut rendre le transport en commun ultraplusefficace!
Et mettre des bâtons dans les roues des automobilistes, comme l'a fait l'admnistration du Plateau Mont-Royal? Je covoiture chaque semaine avec quelqu'un qui doit traverser le Plateau et qui ronchonne un peu chaque fois: "Ils ont vraiment fait exprès pour nous rendre ça pénible!" Et moi je rigole un peu dans ma barbe. Oui, j'admire M. Hernandez (que je ne connais pas personnellement, même si je l'ai croisé à pied l'autre jour sur la rue Mont-Royal et que nous nous sommes souri - Parlez-moi d'un maire qui se promène à pied dans son arrondissement!).
Car je crois de moins en moins en la vertu, et de plus en plus en la nécessité. La vertu vient par nécessité, elle jaillit quand sa nécessité devient une évidence incontournable. Que ce soit simplement au niveau de la conscience ou bien plus concrètement en forme de sens uniques et de voies réservées.
* * *
Merci à la Librairie Marie-Laura à Jonquière, qui m'a réservé un accueil très sympathique hier pour ma petite causerie. Vive la gentillesse des gens du Saguenay! Et leur belle parlure chantante, que je me surprends déjà à imiter malgré moi. C'est tellement plaisant!
(Excusez-moi, j'ai oublié de faire prendre une photo pendant la causerie!)
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